Lors de nos cours prénataux au CLSC, nous avons assisté à une séance entière sur l’allaitement, les bienfaits, les positions à adopter, etc. Nous avons suivi attentivement cette séance et en ressortant, mon chum et moi avons eu la même réaction « C’est pire qu’une secte ! Qu’est-ce-qui se passe si une femme ne peut pas allaiter ou ne souhaite pas allaiter pour des raisons personnelles ? C’est bien son droit, non ? » Confiant que c’était une mauvaise perception de notre part, nous avons continué notre parcours de futurs parents en restant positifs. Après l’accouchement, j’ai vécu la déception de ne pas pouvoir allaiter en raison d’enjeux physiques. Et je peux vous dire que ce n’est pas faute d’avoir essayé à la maternité… Tire-lait, téterelles, stimulation manuelle… nous avons essayé une panoplie de méthodes. Mais rien à faire !
Lors de la visite de l’infirmière du CLSC à notre domicile les jours suivant notre retour, celle-ci nous a indiqué que nous pouvions aller à la clinique d’allaitement pour peser notre petit Amour et poser des questions aux infirmières. Nous avons donc décidé de nous rendre une fois aux deux semaines au CLSC.
Première visite : une fois le traditionnel « Bonjour, comment allez-vous ? » passé, la deuxième question fut « Et puis comment se passe l’allaitement ? ». Ma réponse : « Malheureusement, je n’ai pas pu allaiter ». Immédiatement, j’ai senti un regard rempli de désapprobation et une envie soudaine de l’infirmière d’aller s’occuper d’une autre maman. Intérieurement, je me suis dit « Tu as peut-être hallucinée » (ben oui, il peut s’en passer des choses après un accouchement !).
Deuxième visite : même expérience, mais j’ai toutefois insisté sur le « Malheureusement je n’ai PAS PU allaiter« . L’’infirmière a, à peine, répondu à nos questions.
Troisième visite : l’infirmière – en entendant ma réponse – s’est détournée vers une autre maman. J’ai donc décidé de renoncer à aller peser ma fille me sentant comme une pestiférée!
Pour moi, il n’y a aucun doute que l’allaitement maternel est la meilleure solution pour les nourrissons. Néanmoins, l’allaitement reste avant tout une décision personnelle… Chaque maman décide d’allaiter ou non son enfant. De plus, il y a parfois des enjeux physiques qui obligent certaines femmes à renoncer à l’allaitement. Personne ne devrait juger cette décision. Toute maman est consciente des bienfaits de l’allaitement maternel, et la décision ou l’obligation de donner du lait commercial n’est pas toujours de gaieté de cœur. C’est même parfois vécu comme un véritable échec !
Je suis née dans les années 70 et comme mes frères et sœurs, j’ai été nourrie au biberon dès mon premier jour… Et pourtant, je ne suis ni moins intelligente, ni moins solide au niveau de la santé… Je n’ai peut-être pas eu de chance dans le CLSC à côté de chez moi, mais quand je parle avec des connaissances qui n’ont pas pu allaiter, plusieurs ont vécu la même expérience.
Alors, permettez-moi aujourd’hui une petite rébellion… Mesdames (et messieurs) les infirmières des CLSC, lorsqu’une femme se présente à vous et vous mentionne qu’elle n’allaite pas, au lieu de vous détourner d’elle, prenez quelques secondes pour comprendre le pourquoi du comment. Vous n’avez pas le temps ? Un simple sourire avec un « Ce n’est pas grave, tant que vous lui donnez plein d’amour » est complètement gratuit et surtout saura démontrer votre empathie face à une situation pas loin d’être évidente pour de jeunes/nouvelles mamans.